Le millepertuis

Description

Le millepertuis est une plante vivace. Sa tige rougeâtre est dressée et ramifiée. Deux lignes saillantes au toucher la parcourent sur toute sa longueur. Les feuilles arrondies et opposées présentent une rangée de petits points noirs sur le bord. Elles dégagent un parfum fruité au froissement. Les fleurs jaune doré ont 5 pétales dont le fond est noir. Elles se groupent au sommet des tiges et exsudent un liquide pourpre au fort pouvoir tachant. Les fruits sont de petites capsules à 3 valves, qui s’ouvrent à maturité.

Origine

Le millepertuis vient d’Europe, d’Asie occidentale et d’Afrique du Nord. Il est subspontané en Amérique du Nord. On le trouve principalement dans les lieux secs, incultes, ou au bord des chemins.

Pour les druides, le millepertuis était une plante bénie dont l’odeur repoussait les mauvais esprits. Le surnom de chasse-diable (fuga demonicum) remonte à l’époque gallo-romaine.

Son nom vernaculaire signifie « herbe à mille trous », pertuis étant un « trou » en ancien français. Les taches claires que l’on distingue à contre-jour sur les feuilles sont de petites glandes emplies d’essence aromatique à l’odeur de pêche, comme dit plus haut.

Usages thérapeutiques du millepertuis

Les sommités fleuries contiennent des stérols, des triterpènes, des proanthocyanidols, de l’hyperforine (un phloroglucinol), des acides caféique et chlorogénique, des flavonoïdes (notamment l’hypéroside et le rutoside) et un biflavonoïde nommé amentoflavone. On y trouve aussi une essence aromatique riche en carbures terpéniques.

Le colorant pourpre renferme des naphtodianthrones, dont l’hypéricine et la pseudohypéricine.

Le millepertuis, remède d’hier

Au 19^e siècle, le millepertuis servait encore à traiter les maladies de poitrine (comme les catarrhes bronchiques ou l’asthme) ou la leucorrhée.

Mais la grande réputation de la plante, remontant au 13^e siècle et qui perdure de nos jours, vient de sa vertu vulnéraire. Cette propriété la faisait entrer dans les cordials ou les pansements. On la trouvait par exemple séchée dans le « baume du commandeur », un remède vulnéraire et stimulant, ou fraîche dans « l’eau d’arquebusade », où elle côtoyait l’aigremoine. Dans les campagnes, on s’en servait pour soigner les brûlures et les coups de soleil. On en trouve par exemple une mention dans La Fortune de Gaspard, un roman de la Comtesse de Ségur publié en 1866.

Le millepertuis, traitement actuel

Aujourd’hui, des études ont prouvé l’effet antidépresseur du millepertuis. Il est très courant en Allemagne, où la sécurité sociale le rembourse depuis 1988. Son effet se manifeste après 10 à 15 jours ; au contraire d’autres médicaments, la plante agit non seulement sur la régulation de la sérotonine, mais aussi sur d’autres neurotransmetteurs (dopamine, noradrénaline, acide gamma-aminobutyrique).

On peut également se servir du millepertuis contre la tension et l’insomnie d’origine nerveuse. La plante est antirétrovirale, stimule le foie et la vésicule, et on lui attribue une action bénéfique sur le syndrome prémenstruel et les troubles liés à la ménopause.

Enfin, le millepertuis est le principal composant de « l’huile rouge » (oli rouge en provençal), qui désinfecte et cicatrise les plaies, soigne les brûlures et les coups de soleil. En massage, elle traite les crampes et les névralgies, ainsi que les inflammations et douleurs gastriques en usage interne. Pour résumer, le millepertuis est :

• vulnéraire
• antidépresseur
• calmant
• stimulant
• antiseptique

Thérapie

Confusion du millepertuis avec d’autres espèces

Il existe environ 20 espèces de millepertuis en Europe et certaines ne conviennent pas pour fabriquer de l’huile. Veillez à identifier correctement la plante avant de l’utiliser, notamment en vérifiant que les pétales produisent bien un liquide pourpre et non clair.