Description
L’arum est une plante vivace au rhizome tubéreux. Ses feuilles pétiolées et luisantes ont une forme de pointe de flèche. Elles sont vert sombre parfois tachetées de brun, ce qui lui vaut son nom scientifique. La fleur, ou spadice, est une inflorescence perchée au bout d’une hampe dans la spathe, une sorte de cornet blanc verdâtre. Les fleurs mâles sont sur le sommet et les fleurs femelles à la base. Elles dégagent une mauvaise odeur. Les fruits sont de petites baies globuleuses rouge corail, qui se groupent en épi sur la très courte tige. On les appelle parfois « raisins de serpent ».
Autres synonymes: Arum tacheté, gouet, pied-de-veau, langue-de-bœuf, herbe au pain
Famille: Araceae
Floraison: avril et mai
Floraison
L’arum a développé une sorte de système de piège pour sa pollinisation. Son odeur nauséabonde attire notamment les moucherons. Lorsque les insectes entrent dans le fond du cornet, des poils orientés vers le bas les empêchent de ressortir. Une fois les fleurs femelles fécondées, les fleurs mâles déversent leur pollen sur les moucherons. Les poils ne se fanent qu’après, relâchant enfin les insectes.
Origine
L’arum vient du centre et du sud de l’Europe. Il se retrouve aujourd’hui souvent dans toutes nos régions. Il aime les endroits frais et ombragés : fossés, sous-bois, forêts.
Le nom de « raisins de serpent » de ses fruits est issu d’une croyance populaire voulant que les serpents les mangeaient pour renouveler leur venin.
Biotope et plante bio-indicatrice
L’arum pousse aux alentours des plantations de robiniers, vignes et vergers, des haies de bocages et des friches agricoles. C’est une plante bio-indicatrice. Elle montre un excès de matière organique végétale en cours de fossilisation. La salinité est aussi très forte, soit naturellement, soit par un trop-plein d’engrais (notamment la potasse), ou par une irrigation excessive (surtout par temps chaud et venteux). On note aussi la présence de minéraux non solubles (potassium, magnésium, calcium) et un lessivage de la terre qui cause une carence en azote et potasse.
Usages thérapeutiques de l’arum
L’arum contient des alcaloïdes toxiques et de l’oxalate de calcium sous forme de microscopiques cristaux, qui lui donnent un goût piquant. Les fruits renferment en plus des saponines.
La plante avait déjà autrefois une réputation de purgatif et de sudorifique. Elle apparaît dans la pharmacopée arabe pour guérir les calculs de la vessie. Elle servait aussi à traiter l’asthme et les affections respiratoires chroniques.
De nos jours, son usage est plutôt externe. Les feuilles pilées en cataplasmes sont vésicantes. On leur prête même une efficacité contre les cancers du nez et du sein. Ces mêmes feuilles macérées dans l’alcool sont un remède populaire en Suisse et en Valais contre les plaies, mêmes infectées.
Toxicité de l’arum
L’arum est toxique, mais rarement mortel car il a un goût âcre et génère rapidement de fortes douleurs qui dissuadent d’en absorber une dose létale. Les symptômes disparaissent généralement après quelques heures. Les baies attirent les enfants, surtout que l’âcreté vient avec un certain délai.
Mécanisme et risques
La plante est très irritante du fait de ses cristaux d’oxalate de calcium. Le contact du suc avec les yeux peut être dangereux.
Les alcaloïdes provoquent un œdème de la gorge en cas d’ingestion, et ce gonflement est susceptible d’entraîner une asphyxie.
Les fruits rouges contiennent des saponines et génèrent parfois des troubles digestifs, nerveux et cardiaques qui peuvent s’avérer mortels.
Autres usages de l’arum
L’arum est parfois cultivé comme plante ornementale pour ses baies rouge vif. Les variétés à feuilles tachetées ou marbrées sont très recherchées dans ce but.
La plante apparaît dans la pharmacopée médiévale et s’associe souvent à la magie blanche.
On consommait autrefois le tubercule d’où sortent les feuilles, notamment en période de disette, car il est riche en amidon. Il fallait le bouillir plusieurs fois pour réduire son âcreté et éviter l’empoisonnement.
Confusions de l’arum avec d’autres espèces
L’arum blanc (Zantedeschia aethiopica) est un cousin africain qui fait lui aussi partie des Aracées. Il se différencie par sa spathe ou cornet blanc pur et tourné vers le haut, ainsi que son parfum doux. Il préfère également les sols marécageux.
L’arum d’Italie (Arum italicum) vient lui aussi de la famille des Aracées. Cependant, son spadice/sa fleur est jaune et non violette comme celui de l’arum tacheté. Il conserve aussi ses feuilles plus longtemps.
Le chénopode Bon-Henri (Blitum bonus-henricus) a des feuilles triangulaires, mais il pousse souvent aux abords des chalets d’alpage plutôt que dans les bois. Il a également une longue tige et le dessous de ses feuilles a une texture sableuse. L’arum sort directement de terre et ses feuilles sont caoutchouteuses. Le chénopode Bon-Henri peut aussi être pris pour du Datura (Datura stramonium), une autre plante toxique.
Liens externes
ARUM – Centre antipoisons Belgique: https://www.centreantipoisons.be/nature/plantes/les-plantes-toxiques/arum
Plantes toxiques et plantes comestibles – Centre antipoison et de toxicovigilance France: https://centres-antipoison.net/plantes-toxiques-et-plantes-comestibles
Sources
Ducerf, G. (2020). Encyclopédie des plantes bio-indicatrices, alimentaires et médicinales: guide de diagnostic des sols (7e éd. vol. 1) Éditions Promonature
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