L’ortie

Description

L’ortie dioïque est une plante herbacée pérenne à rhizome jaunâtre et poussant en colonie. Si leur taille varie habituellement de 50cm à 1m, il n’est pas rare de trouver des individus dépassant les 2m. L’ortie est une plante urticante. Ses tiges sont dressées et non ramifiées. Les feuilles vert foncé sont opposées deux à deux, pétiolées et dentées. Les fleurs des plantes mâles se présentent sous forme de longs chatons pendants (voir à droite) alors que les fleurs femelles sont réunies en grappes (à gauche). Le fruit de l’ortie est un akène.

Comment l’ortie pique-elle ?

La partie supérieure des feuilles des orties est recouverte de poils urticants qui sont en fait des cellules coniques dont l’extrémité, présentant un petit renflement riche en silice, est très cassante. L’extrémité de ces cellules se brise dès l’effleurement et entre dans la peau, libérant son contenu urticant (formiate de sodium, sérotonine, histamine et acétylcholine) maintenu sous pression dans une petite poche à la base de la cellule conique. Il n’est pas dangereux, mais provoque tout de même une brûlure désagréable et une petite papille rougeâtre sur la peau.

Pour arracher des orties sans vous faire piquer, il faut les caresser dans le sens du poil, c’est le cas de le dire. Les trichomes urticants se trouvent sur la face supérieure des feuilles. Dès lors, si vous prenez les tiges par la partie inférieure, vous toucherez la partie inférieure des feuilles et vous ne subirez pas la piqûre. Avec un peu d’habileté, il est possible de prendre les feuilles à mains nues sans ennui.

Si une ortie vous pique …

Il existe un antidote à la substance urticante de l’ortie: le grand plantain (Plantago major). Ne prenez pas celui à feuilles allongées, le plantain lancéolé (Plantago lanceolata), il n’est pas efficace. Froissez une feuille et frottez légèrement l’endroit de la piqûre. La douleur sera fortement diminuée et disparaîtra rapidement.

Les confusions…

L’ortie brûlante (Urtica urens), aussi nommée « petite ortie » ou « ortie grièche », appartient également à la famille des Urticacées. Cependant, elle est plus petite (environ 60cm), monoïque et annuelle. Elle possède aussi une racine pivotante alors que l’ortie dioïque a un rhizome rampant.

Les lamiers comme le lamier blanc (Lamium album), le lamier jaune (Lamium galeobdolon) ou le lamier pourpre (Lamium purpureum) sont souvent appelés respectivement « ortie blanche », « ortie jaune » et « ortie rouge ». Cependant, ce ne sont pas des orties; ils font partie de la famille des Lamiacées et leurs fleurs sont plus grandes que celles des orties. De plus, ils ne sont pas urticants. Vous pouvez les prendre en main sans crainte.

L’ortie, une « mauvaise herbe » aux multiples usages

Utilité pour la faune et les animaux domestiques

Les massifs d’orties servent de lieux de nidification à certains oiseaux. Certaines espèces d’insectes comme la Coccinelle à sept points (Coccinella septempunctuata), prédateur des pucerons, vient y pondre. Les chenilles de certains papillons comme le Vulcain (Vanessa atalanta), la Petite-tortue (Aglais urticae), le Paon-du-jour (Aglais io), la Carte géographique (Araschna levana) ou le Robert-le-diable (Polygonia c-album), se nourrissent exclusivement d’orties.

Ces mêmes chenilles et insectes sont une source de nourriture pour une variété importante d’oiseaux insectivores. L’ortie présente aussi une utilité pour les animaux domestiques. En effet, la consommation des orties séchées permet de renforcer contre les maladies, les volailles qui les consomment. Pour ce faire, il suffit de cueillir une botte d’orties et de la pendre à la bonne hauteur dans la volière. Tant que les orties sont fraîches, les poules n’y toucheront pas. Après séchage, elles les picoreront volontiers. Des feuilles d’orties hachées constituent également un aliment de choix pour des oisons.

Usages de l’ortie en jardinage

L’ortie est utilisée comme insecticide, fongicide et activateur de croissance. L’utilisation d’un purin d’orties comme moyen de lutte contre les parasites, permettra de combattre contre les altises, les araignées rouges, les pucerons ou les courtilières. Deux à trois applications de purin dilué à 20% sur le sol, en automne ou au cours de l’hiver permet de lutter préventivement contre les maladies cryptogamiques, c’est-à-dire provoquées par les champignons. Ce même purin dilué à 5% peut être pulvérisé sur le feuillage, contre les insectes et les maladie cryptogamiques.

De plus, sa teneur importante en nitrate de calcium et en potassium (azote assimilable) fait de l’ortie un excellent activateur de croissance. Diluez le purin à 50% et arrosez. Ensuite, ne donnez que de l’eau pendant deux semaines avant de recommencer l’opération. Particulièrement efficace pour la tomate, l’ortie est également un excellent activateur de compost. Et pour donner une protection supplémentaire à vos tomates, placez quelques feuilles d’ortie hachées dans le fond du trou avant de les transplanter.

Usages culinaires

Les jeunes pousses d’orties peuvent se cuisiner en potage, en lasagnes, en tartes où comme les épinards. Vous pouvez aussi en faire du beurre parfumé, du pesto, un soufflé ou une quiche. Notez qu’après cuisson, les feuilles d’orties perdent tout leur piquant et deviennent savoureuses. Ne prenez que les jeunes pousses, car le goût des feuilles âgées n’a rien d’exceptionnel !

Autrefois, on utilisait une décoction concentrée des feuilles saturée de sel pour faire cailler le lait.

Usages thérapeutiques de l’ortie dioïque

Le rhizome d’ortie contient des tanins, une lectine, des lignanes, des stérols, des composés phénoliques, et des polysaccharides. Dans les feuilles, on trouve des flavonoïdes, des protéines complètes équilibrées en acide gras aminés (la même valeur nutritionnelle que la viande) et une énorme quantité d’oligo-éléments, de sels minéraux et de vitamines:

• 7 fois plus de vitamine C que les oranges
• 2,5 fois plus de fer que les épinards (et avec moins d’oxalates)
• Presque autant de calcium que le fromage
• Beaucoup de provitamine A

Autrefois, on employait l’ortie comme révulsif dans les cas de paralysie ou pour sa réputation d’astringent. Aujourd’hui, ses propriétés médicales sont bien établies. L’ortie traite les symptômes de l’hyperplasie bénigne de la prostate, les douleurs des rhumatismes, l’arthrite et l’inflammation des voies urinaires. Ses vertus astringentes continuent de servir contre les hémorragies de toutes sortes (crachements de sang, règles trop abondantes, saignements de nez) et son côté antidiarrhéique est également très utile au quotidien. On peut enfin s’en servir contre les dermatoses, l’eczéma, le psoriasis, les dartres, ou même pour se faire pousser les cheveux. En bref, l’ortie est:

• astringente
• anti-inflammatoire
• diurétique
• anti-diarrhéique
• dépurative

Thérapie

Et d’autres encore…

On extrait la chlorophylle pure de l’ortie par un traitement industriel afin de l’incorporer dans des produits cosmétiques et des savons

Auparavant dans le nord de l’Europe, les fibres de tige d’ortie ont été utilisées pour fabriquer des cordes, des filets et des tissus. Cet usage apparaît dans le conte Les Cygnes sauvages d’Andersen. Elisa, l’héroïne, doit tisser pour chacun de ses 11 frères une cotte en fil d’ortie pour rompre le sort qui les a transformés en cygnes.

Multiplication

L’ortie pousse abondamment à l’état sauvage et ne nécessite aucune intervention humaine pour se reproduire. Toutefois, si le cœur vous en dit, il est possible de la reproduire par division du rhizome.