"House dust mites" (CC BY-SA 2.0) by Gilles San Martin
Les acariens sont des animaux sexués. Leur durée de vie est variable: 31 jours pour Dermatophagoides pteronyssinus et 100 jours pour Dermatophagoides farinae. Le cycle de vie peut être raccourci si les conditions de vie sont très bonnes ou rallongé quand elles sont mauvaises.
La femelle pond un oeuf qui éclot au bout de 6 jours. Ensuite, la larve devient nymphe. Si les conditions de vie ne sont pas bonnes, la nymphe peut rester accrochée à son support (et résister à l’aspirateur) pendant plusieurs mois. Si les conditions sont (ou redeviennent) bonnes, la nymphe devient imago (adulte).La femelle Dermatophagoides pteronyssinus pond de 40 à 80 oeufs sur la durée de sa vie. La femelle Dermatophagoides farinae pond de 20 à 40 oeufs.Le corps d’un acarien est constitué à 75% d’eau Réf. 1. S’il ne peut maintenir un tel taux par manque d’humidité dans l’environnement, il ne peut pas se reproduire.
Les acariens en chiffres:
- 1 gramme de poussière peut contenir de 30 à 10 000 acariens!
- 1 matelas peut abriter jusqu’à 2 millions d’acariens
- 2 milligrammes d’acariens/gramme de poussière peuvent provoquer une réaction allergique
- 10 milligrammes d’acariens/gramme de poussière peuvent provoquer une crise d’asthme
Conditions de vie idéales pour les acariens
Pour un développement idéal des acariens, il faut:
- un milieu humide: de 70 à 80% d’humidité.
- de la chaleur: entre 22 et 25°C. Quand nous dormons, les acariens remontent des profondeurs du matelas, mais pas jusqu’à notre corps, car nous sommes trop chauds pour eux.
- de la nourriture
En altitude, l’humidité de l’air diminue. Ceci explique pourquoi l’acarien disparaît à partir de 800m d’altitude (climat tempéré comme en Europe) pour être tout à fait absent au-delà de 1600m. Réf. 2Dans les régions au climat chaud et humide Réf. 3, l’acarien vit à toute altitude (jusqu’à 3000m en Amérique du Sud).
Température
Quand nous sommes couchés dans notre lit, il fait trop chaud (35°C sous les draps) et trop sec (<50% humidité) pour les acariens: ils fuient en profondeur et vers les coins du matelas. Par contre, quand on quitte le lit, l’humidité due à notre transpiration et la baisse de température donne aux acariens quelques heures pour se développer (oeufs, larves) et se reproduire. L’oreiller permet de garder plus longtemps l’humidité dans le matelas situé juste dessous; c’est donc là que l’on retrouve le plus d’acariens de tout le lit Réf. 4. Pas de chance pour l’allergique qui placera sa tête juste à cet endroit pour dormir!Les températures extrêmes sont néfastes aux acariens:
- 6 heures à 51°C ou 24 heures à 45,5°C sont nécessaires pour tous les tuer Réf. 5
- 55°C est la température de l’air nécessaire pour tuer Dermatophagoides pteronyssinus Réf. 6
- il faut descendre à -28°C pour tuer tous les Dermatophagoides pteronyssinus. 6 heures à -15°C n’en tue que 60%, mais tue par contre tous les Dermatophagoides farinae.
- A -1°C, il faut 3 semaines pour tuer 85% des individus. Donc mettre votre matelas dehors quelques heures quand il gèle un peu en hiver n’opérera pas de miracle!
Cette sensibilité aux températures extrêmes nous donne des pistes pour tuer les acariens par la chaleur ou par le froid.
Humidité
Les acariens ne survivent que s’il fait assez humide. Par exemple, Dermatophagoides farinae ne supporte pas une humidité inférieure à 55-73% selon que la température soit entre 15 et 35°C.Les Dermatophagoides meurent en 5 à 11 jours si l’humidité de l’air est maintenue à moins de 50% (à 25 à 34°C) Réf. 7.On peut donc aussi tuer les acariens par la sécheresse en baissant l’humidité dans le logement.
Les acariens au fil des saisons
Les acariens sont présents toute l’année dans les habitations. Il y a néanmoins des variations saisonnières, selon le climat.Il est bien difficile de donner des indications valables pour chacun. En effet, tout dépend de l’endroit où vous habitez: au bord de mer ou en altitude, climat tempéré humide ou air très sec comme en montagne ou dans les pays nordiques.La seule certitude est que le nombre d’acariens diminue si l’humidité de l’air diminue. Pour certains, il suffira d’ouvrir les fenêtres, pour d’autres, il faudra du chauffage ou des appareils.Une étude établit un lien entre les symptômes allergiques et les variations saisonnières d’allergènes présents Réf. 8.En Belgique, c’est toutefois à l’automne que leur nombre est maximal dans la chambre (sol et matelas), juste au moment où la maison est encore humide et que le chauffage, qui vient d’être rallumé, apporte la chaleur dont les acariens ont besoin. Ensuite, au cours de l’hiver, leur nombre diminue au fur et à mesure que le chauffage rend le logement plus sec.
Références et notes
- 1. ↑ Arlian, L.G., Water balance and humidity requirements of house dust mites, Experimental & Applied Acarology, vol. 16, n° 1-2, November 1992, pp. 15-35
- 2. ↑ Vervloet, M.D.D. et al., Altitude and house dust mile, Journal of Allergy and Clinical Immunology, vol. 69, n° 3, April 1982, pp. 290-6
- 3. ↑ Gitoho, F. et Rees, P., High Altitude and House-dust Mites, British Medical Journal, August 1971, p. 475
- 4. ↑ Colloff, M. J., Mite ecology and microclimate in my bed, Mite allergy, a World-wide Problem. UCB Institute of Allergy, 1988, pp. 51-54
- 5. ↑ Crowther D. et al, House Dust Mites and the Built Environment: A Literature Review, September 2000. In: Report for the EPSRC Project: Hydrothermal Model for Predicting House-Dust Mite Response to Environmental Conditions in Dwellings. pp. 34.
- 6. ↑ Kinnaird, C.H., Thermal Death Point of Dermatophagoides petronyssinus (Trouessart, 1897) (Astigmata, Pyroglyphidae), The house dust mite, Acarologia, vol. 16, 1974, pp. 340-342
- 7. ↑ Arlian, L.G., Water balance and humidity requirements of house dust mites, Experimental & Applied Acarology, vol. 16, n° 1, November 1992, pp. 15-35
- 8. ↑ Soon, K.Y., Won, P.J. et Shin, S.Y., Seasons Variation of House Dust Mites Allergen and Perceived Allergic Symptoms, ResearchGate, vol. 16, n° 1, January 2002
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